Pouvoirs au travail – Management, statuts et autonomie dans les situations de travail contemporaines
Fabien Brugière, Dominique Glaymann et Guillaume Tiffon (sous la direction)
Injonctions managériales, savoirs professionnels, expertises, dispositifs gestionnaires, statuts d’emploi, luttes sociales, expériences autogestionnaires… Le monde du travail est traversé par diverses formes de pouvoir et de contre-pouvoir, des plus acceptées au plus contestées, que cet ouvrage se propose d’explorer.
À rebours des pratiques de commandement autoritaires d’antan, les managers sont désormais censés motiver leurs équipes et faire adhérer les salariés aux finalités de l’organisation. Comment se concrétise cette pratique du pouvoir ?
Autre évolution, les relations de pouvoir s’exercent de plus en plus à distance au moyen de dispositifs et d’outils de gestion renouvelés. Qu’en est-il de ce pouvoir de la technologie et du gouvernement par les instruments ? Dans quelle mesure et de quelle façon ces dispositifs parviennent-ils à prescrire et à contrôler le travail ? Par ailleurs, les dernières décennies ont été marquées par un « effritement de la condition salariale », se traduisant par une précarisation de l’emploi à travers la multiplication des formes d’emplois « atypiques » (CDD, intérim, temps partiel, etc.). Cette déstabilisation du salariat est aussi passée par l’émergence de statuts d’emplois « hybrides » qui renouvelle la frontière entre salariat et travail indépendant, autant de mutations qui conduisent à revisiter la question de l’autonomie professionnelle. Comment s’articulent désormais les différents statuts d’emploi et l’exercice du pouvoir ? Comment les employeurs et les managers tirent-ils parti des formes d’emplois « typiques » et « atypiques » pour asseoir leur domination sur les salariés et comment ces derniers parviennent-ils à y résister ?
S’appuyant sur des enquêtes de terrain réalisées auprès de travailleurs et de travailleuses aux métiers, statuts et secteurs d’activité extrêmement variés, les dix-neuf chapitres de cet ouvrage offrent un panorama riche et contrasté des formes contemporaines que revêtent les rapports de pouvoir au travail. Il s’adresse aussi bien aux chercheurs en sciences humaines et sociales qu’aux étudiants, aux praticiens et aux travailleurs désireux de mieux comprendre les ressorts de leur subordination au travail.
Fabien Brugière est maître de conférences en sociologie à l’université de Strasbourg, chercheur au laboratoire « Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe » et membre du bureau du RT 25 « Travail, organisations, emploi » de l’Association française de sociologie. Ses recherches portent sur les transformations du travail et de l’emploi au sein de métiers subalternes, en étudiant notamment leurs effets sur les collectifs et la santé au travail, dans le transport aérien ainsi qu’au sein du capitalisme de plateforme. Elles ont également pris pour objet les questions de travail et de mobilité sociale au sein et en marge des industries culturelles, à travers une analyse de l’articulation de trajectoires socio-professionnelles et carrières artistiques des rappeurs.
Dominique Glaymann est professeur émérite de sociologie, chercheur au Centre Pierre Naville, à l’université d’Évry Paris-Saclay, et coresponsable du RT 25 « Travail, organisations, emploi » de l’Association française de sociologie. Ses recherches portent sur les mutations du système d’emploi, sur les relations formation-emploi et, plus récemment, sur les évolutions du métier d’enseignant-chercheur dans le contexte de la néolibéralisation de l’Université.
Guillaume Tiffon est professeur de sociologie à l’université d’Évry Paris-Saclay, directeur du Centre Pierre Naville et coresponsable du RT 25 « Travail, organisations, emploi » de l’Association française de sociologie. Ses recherches portent sur les nouvelles formes d’organisation du travail et la façon dont elles portent atteintes à la santé des travailleurs et des travailleuses.